L'histoire du verre à moitié plein
Ça fait trois jours, donc plus de la moitié de la semaine que je ne rentre pas chez moi en me disant que je dois en urgence trouver un autre métier avant de finir à l'asile, et que je ne fais pas de crise de panique allongé sur le carrelage froid pour faire cesser mes bouffées de chaleur.
Ça fait trois jours que plus où moins je sors satisfaite des cours en me disant "j'ai au moins réussi à leur apprendre ça, j'ai au moins réussi à faire fermer sa grande gueule à Dylan après avoir relevé le numéro de téléphone de sa maman et annoncé qu'à la prochaine je décrocherai personnellement mon téléphone (enfin, celui du collège, faudrait pas que ça me coute des sous cette connerie tout de même) pour avertir sa maman que:
_ 10 minutes après avoir donné la consigne et que la moitié de la classe a fini son exercice Dylan n'a toujours pas commencé le sien.
_ Dylan n'arrête pas de se retourner.
_ Dylan a fait des enfantillages en disant "madame j'peux aller pisser? (ça m'a sérieusement picoté la bouche de répondre "non, va chier"). Quand on est un grand garçon on prend ses précautions et on va au toilettes AVANT d'aller en cours.
Du coup, quand j'y arrive, j'aime mon métier. Je l'aime et je me dis que c'est le plus beau du monde et que pour rien au monde je voudrais en faire un autre. Mais les moments de découragement sont tellement nombreux.
Toutefois j'aime mon métier:
- Quand Yann et Maël de la 4ème bilangue insistent pour démonter avec moi le matériel (vidéoprojecteur et portable) et à ramener le matériel au dépôt parce que "madame, vous êtes super chargée, et sinon vous allez en avoir marre et on travaillera plus avec le vidéoprojecteur, et c'est dommage parce que c'est super".
- Quand j'écris sur le carnet de Pablo "Madame, alors que votre fils s'amusait et n'avait même pas commencé un exercice que la moitié de la classe avait déjà fini j'ai dit qu'il était idiot (en fait j'ai dit "bon la bande d'idiot là, vous en êtes où, vous avez finit au lieu de rire bêtement) votre fils a osé hausser le ton pour s'adresser à moi. Votre fils doit apprendre à accepter les critiques. Quand on est susceptible à ce point on se doit d'être irréprochable pour les éviter". Ce qui a pour conséquence de voir Pablo se mettre au travail pendant tout le reste de l'heure (ça ressemble beaucoup à l'histoire de Dylan, mais chaque jour à chaque heure de course j'ai une sacrée tripotée de petits malin qui s'amusent au lieu de faire l'activité demandée pensant que je vais rien voir ou rien dire)
- Quand d'anciens élèves me font un grand sourire dans la cour et me disent "hola señora"
- Quand je corrige un contrôle et constate que la moyenne de la classe est bonne.
- Quand la classe est derrière moi et confirme à Pablo ou à Dylan que ce que la dame a demandé c'est trop facile, alors si t'arrive pas à le faire c'est pas que c'est trop dur, c'est que tu as pas suivi les explications, sinon t'es vraiment un gros nul (et avec cette classe là c'était pas gagné.
- Quand après un travail sur un film Anita me remercie de lui avoir fait découvrir cette histoire qui l'a beaucoup émue (Carnet de voyage de Walter Salles.
- Quand j'ai des anecdotes marrantes à écrire ici.
- En octobre, décembre, février, Avril mais surtout JUILLET et AOUT!!!